Le château fantôme au milieu du XVIIIe siècle
En 1734, Germain-Louis de Chauvelin (1685-†1762), devint le dix neuvième et avant dernier seigneur engagiste du domaine et du château de Brie-Comte-Robert pour 30000 livres. Ce grand seigneur, garde des Sceaux, seigneur de Crisenoy, était également seigneur de Grosbois. Brie se trouvait dès lors à mi-chemin entre ses deux belles demeures. Soucieux d’augmenter les revenus de sa nouvelle seigneurie, il racheta l’ancien fief du Chapitre Notre-Dame, quartier situé autour de l’église Saint-Étienne, créant ainsi une unité administrative. En 1736, il fut le premier seigneur à faire cartographier la ville et les faubourgs pour une meilleure gestion fiscale foncière. Ce cadastre avant la lettre représente un plan de masse des bâtiments du château encore présents.
Le château, aux courtines dégradées, devenait trop couteux en entretien et en réparations. Chauvelin obtint, en 1750, l’autorisation de raser les tours et les courtines à hauteur du premier étage. En même temps furent détruits le grand logis et les écuries. Seule la tour Saint-Jean, symbole seigneurial, fut épargnée. Elle surmonta la ville encore 130 ans, rivalisant avec le clocher de l’église Saint-Étienne.
Les pressoirs banaux, maintenant couverts de tuiles, restèrent fonctionnels dans l’enceinte. Au nord-est, contre la courtine, le corps de logis de l’ancien hôtel seigneurial fit place à une modeste maison de gardien gardant encore les vestiges d’une fenêtre ogivale.
En ce milieu du XVIIIe siècle, à l’instigation de Charles Trudaine (1703-1769), directeur des Ponts-et-Chaussées, se mit en place un nouveau réseau routier au tracé le plus rectiligne possible. A Brie, le percement de la nouvelle route royale (rue du Général Leclerc actuelle) nécessita un remblaiement massif de la dépression naturelle au nord-est du château. La conséquence directe fut le remplacement du pont-levis par un pont dormant de pierre, à deux arches, descendant vers la porte de la tour Saint-Jean. Il ne subsiste aujourd’hui qu’une seule arche et des traces de la seconde près du mur d’escarpe.
Le château fantôme s’anima en 1789, avec l’emprisonnement du Baron de Besenval, commandant des troupes d’Île-de-France et des Gardes Suisses. Le dessin de Prieur gravé par Berthault, en 1791, donna une vision fantaisiste de l’architecture de la tour Saint-Jean.
Devenue propriété privée, la tour maitresse fut arasée en 1879 pour faire place à une maison bourgeoise bâtie sur ses parties basses.
– Le château forteresse du XIIe siècle
– Le château résidence des XIVe – XVe siècles
– Le château Renaissance au XVIe siècle
– Le château reconverti au milieu du XVIIe siècle
– Le château fantôme au milieu XVIIIe siècle