Le château forteresse du dernier tiers du XIIe siècle
Robert Ier de Dreux fit bâtir, vers 1160, un château carré de 58 m de coté extérieur, régulièrement flanqué de huit tours. Le château est implanté en bordure nord-est de la petite agglomération en partie partagée avec l’Évêque de Paris qui régnait sur le quartier autour de l’église primitive.
Comme souvent pour un château de plaine, l’architecte mit à profit la convergence des ruisseaux et des sources au point le plus bas de la ville afin d’alimenter les douves. Elles ont été creusées, dès l’origine, à une douzaine de mètres des quatre courtines et séparées de celles-ci par un mur d’escarpe et une lice.
Le maître d’œuvre a choisi les quatre points cardinaux pour orienter les quatre tours d’angle rondes de 7,20 à 8,60 m de diamètre. Au milieu des courtines sud-ouest et nord-est, deux tours-porte carrées servent d’entrées opposées. Cette disposition est unique en Ile-de-France. Deux autres tours rondes, engagées dans la muraille, flanquent les courtines nord-ouest et sud-est.
Les bâtiments intérieurs sont répartis le long des courtines, libérant une cour centrale avec son puits.
On franchissait les douves par un ponton et une passerelle amovible. Les entrées du château se faisaient par la tour Saint-Jean, du côté de la campagne et par la tour de Brie ouvrant sur la ville et son marché.
La tour Saint-Jean, avec ses 33 m de haut (4 niveaux) était la tour maîtresse. Elle faisait office de donjon incorporé à l’enceinte. Elle a pu abriter un oratoire dans ses étages, générant son nom. Avec ses deux tourelles d’escalier engagées aux angles de sa façade, la tour maitresse était le symbole de la puissance seigneuriale.
La tour de Brie, de plan rectangulaire, était un peu moins haute. Les deux portes présentent le triple système de défense de la seconde moitié du XIIe siècle : une herse précédant l’assommoir protégeant la porte de bois à deux vantaux bloqués eux-mêmes par deux barres. Pour la tour Saint-Jean, une seconde double porte limitait un sas dans le passage, probablement surmonté d’un second assommoir.
Les premiers étages étaient occupés par les chambres de herse, elles-mêmes reliées par deux escaliers au chemin de ronde. Son accès se faisait, de la cour, par une tourelle contre la courtine sud-ouest. Le chemin de ronde était ainsi continu sur tout le pourtour des courtines et indépendant des premiers étages des tours rondes.
Les tours rondes présentaient des salles couvertes de voûtes d’arêtes, sans escalier intérieur. Leurs jours ascendants ne permettaient pas le tir, la défense se faisant depuis les plateformes sommitales.
La tour ouest, avec une salle basse accessible seulement par la voûte, avait une fonction de cellier protégé des rongeurs. L’accès au premier étage des tours se faisait par la salle contigüe de même niveau.
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Les tours sud-est et sud étaient des tours latrines aux fonctionnements différents.
La tour sud, à quatre latrines, desservait les trois niveaux. Sa fosse, bâtie dans ses fondations, était vidangée par l’eau de pluie guidée par un système de canaux souterrains.
Trois corps de logis à un seul étage, surmonté d’un grenier, composaient le logis seigneurial au sud-est de la cour.
Chacune des salles présentait un ou deux piliers destinés à recevoir deux ou trois poutres maîtresses longitudinales supportant des solives transversales. L’ensemble était recouvert de lambourdes et plancher. Toutes les salles étaient chauffées par une cheminée intégrée dans les courtines. Elles étaient encadrées de bases sculptées, surmontées d’une colonnette sous chapiteau.
L’escalier extérieur sur cour longeait la façade du logis. Il se composait, au départ, de trois ou quatre marches conduisant à un petit palier, puis suivait une volée droite jusqu’au palier de l’étage situé à l’angle des deux corps de logis. Il conduisait à la grande salle d’apparat de 21 m sur 8 m. C’est là que le seigneur recevait les hommages et rendait la justice.
Les bâtiments des « communs » et de service étaient adossés contre la partie nord-ouest des courtines. De construction plus modeste (moellons et argile), ils abritaient espaces de stockage, grange et logements des serviteurs.
En cliquant-glissant sur la souris et le zoom de la molette, vous pouvez vous déplacer dans la restitution du château du XIIe siècle.
En ce dernier tiers du XIIe siècle, la fonction défensive se caractérisait par les tirs de flanquement, à partir des plates-formes sommitales et du chemin de ronde. Robert Ier de Dreux et son architecte faisaient figure de précurseur, avec un programme résidentiel remarquable par son confort quant au chauffage et à l’hygiène, avec des tours latrines sophistiquées.
Le château de Brie se place donc avant le grand essor de la construction des châteaux Philippiens du début du XIIIe siècle.
– Le château forteresse du XIIe siècle
– Le château résidence des XIVe – XVe siècles
– Le château Renaissance au XVIe siècle
– Le château reconverti au milieu du XVIIe siècle
– Le château fantôme au milieu XVIIIe siècle