Régulièrement, un objet (ou une série d’objets) est sorti des réserves puis exposé dans une vitrine dédiée à cet effet, située à l’entrée du Centre d’Interprétation du Patrimoine. L’objectif de cette présentation est de renouveler le regard des habitués ainsi que de valoriser les collections et le travail effectué par les bénévoles de l’association tout au long de l’année.
Fragment de carapace de tortue
Parmi les objets les plus exotiques découverts au château de Brie-Comte-Robert, on compte un fragment de carapace de tortue. Rarement trouvée en bon état durant les fouilles archéologiques à cause de la présence de kératine dans sa composition, la carapace se dégrade rapidement dans le sol.
Les tortues sont utilisées depuis 1.9 million d’années comme source de nourriture. Les premiers indices de cet usage alimentaire se retrouvent au Kenya et plus tard sur d’autres sites archéologiques (Afrique du Sud, Israël ou encore Espagne) attestant que ce phénomène se répand très tôt dans l’histoire humaine.
Cette consommation persistera en France bien longtemps puisque le « Livre excellent de cuisine » édité en 1555 nous présente une recette de « tortue frite aux groseilles ».
Coupez la tête des tortues et laissez-les mortifier au four pendant un jour. Puis faites-les cuire dans un pot en terre avec du sel pendant deux ou trois heures s’il s’agit de jeunes tortues, plus longtemps si elle sont vieilles.
Puis quand elle seront cuites, ôtez-les du feu et mettez-les dans l’eau froide. Sortez- les de leur carapace, puis videz-les, enlevez les oeufs et le foie en ayant soin d’ôter le fiel.
Éplucher les pattes et coupez le tout en morceaux. Faites frire au saindoux ou au lard avec des groseilles ou du raisin vert.
Assaisonnez de poudre d’épices et servez avec des oranges.
On peut aussi prendre un jaune d’œuf, à défaut de verjus, du bouillon et mettre à fricasser avec des groseilles ou des raisins verts et faire cuire à l’étouffé comme des pigeons.
On peut ajouter des grenouilles frites ou cuites à l’étouffé et des escargots hors de leurs coquilles le tout bien salé.
Poire à poudre, carapace de tortue
Paris musée de l’armée ©musée de l’armée
Toute une série d’objets d’artisanat étaient conçue à partir de carapace : peignes, rasoirs, manches d’épées ou de dagues, étuis à aiguilles. Pour l’exemplaire du château, une des fonctions qui pourrait être retenue est celle de son utilisation en poire à poudre. En effet, l’usage des armes à feu était déjà répandu au XVIIe siècle, date supposée de l’utilisation de cette carapace. Elle avait pour fonction d’isoler la poudre noire (essentielle à la mise à feu des armes) composée de soufre et de salpêtre sensibles à l’humidité. De plus, cette hypothèse est cohérente avec le contexte historique du château : le XVIIe siècle est marqué par une des batailles de la Fronde.
Le choix de cette matière, au même titre que pourrait l’être l’ivoire, permet aussi d’attester d’une utilisation ornementale et prestigieuse. Ainsi, la gourde a pu appartenir à un haut gradé de l’armée ou à un personnage important du château.
Une colombe de meneau
Cet élément en pierre découvert dans l’enceinte du château, est un meneau. C’est un élément vertical qui divise la baie d’une fenêtre. Les fenêtres à meneau sont très courantes au Moyen-Âge, notamment au sein de grands édifices tels que les châteaux ou les monuments religieux. Le meneau pouvait être associé à une traverse horizontale pour former une fenêtre à croisée. La partie chanfreinée (dont les angles ont été taillés de manière oblique) du meneau donnait sur l’extérieur. Le type de chanfrein observable ici, ainsi que l’utilisation du calcaire lutétien, permettent de proposer une datation du XIVe siècle.
A l’arrière du meneau a été taillée une colombe, dans laquelle se trouve un orifice circulaire permettant probablement d’insérer le verrou d’un volet. La feuillure était destinée à recevoir ce volet. Un questionnement subsiste : pourquoi l’orifice du verrou est-il tangent à la feuillure du meneau ?
En effet, si la feuillure est bien destinée à recevoir un volet, un espace devrait subsister entre elle et cet orifice, destiné à l’épaisseur du volet, puisque le verrou se situait sur la partie interne du volet.
Une pendeloque
Cette plaque métallique, découverte dans l’enceinte du château, peut avoir été utilisée comme pendeloque (bijou ou ornement suspendu). En effet, elle présente un petit système d’accroche sur son revers.
La composition générale de cet objet est celle d’un chrisme : symbole chrétien composé des deux premières lettres du nom du Christ en grec : X (chi) et P (rhô) et souvent accompagnées de la première et de la dernière lettre de l’alphabet grec, alpha et oméga symbolisant ainsi le commencement et la fin.
Tout autour, les branches du chrisme sont reliées par des arcs aux motifs zoomorphes. Ainsi placé dans un cercle, le chrisme souligne l’unité de l’Église. Trois têtes de sangliers, reconnaissables à leurs défenses et leurs museaux retroussés, alternent avec des corps serpentiformes.
Cet objet s’inspire de l’un des objets mérovingiens les plus célèbres en France : le « disque de Limons », découvert de manière fortuite au cours du XIXe siècle dans le Puy-de-Dôme (63). Ce disque est un peu plus grand que celui mis au jour au château puisque son diamètre est de 6,3 cm (5 cm pour celui du château). Il est constitué d’or fin et serti de grenats. Le style de son décor zoomorphe permet d’affirmer qu’il aurait été réalisé entre le dernier quart du VIe et le premier quart du VIIe siècle.
En tant que symbole de l’art mérovingien, le disque de Limons a été maintes fois reproduit depuis sa découverte. L’exemplaire du château de Brie témoigne d’une finesse d’exécution et d’une richesse matérielle bien moindres par rapport à l’original. Il a été mis au jour dans un remblai ayant servi à l’installation de la dalle du garage, construit après 1923, de la maison installée sur l’une des courtines du château. Comme cette copie s’appuie sur le disque de Limons découvert dans la première moitié du XIXe siècle, elle n’a pas pu être fabriquée avant cette date. Elle a donc probablement été réalisée entre la première moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.
Sources
PERIN (Patrick), « Un chef-d’œuvre de l’art mérovingien, le « disque » de Limons (Puy-de-Dôme) » in Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1998, 2002, pp. 73-99.
Catalogue des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France : http://medaillesetantiques.bnf.fr/ws/catalogue/app/collection/record/ark:/12148/c33gbfs7q
Une sonnaille
La sonnaille ci-contre a été trouvée dans une couche archéologique datant du XVIIe siècle. Elle est en fer, simplement martelée et ne présente aucune trace de brasage au cuivre. Elle est de forme trapézoïdale à bouche oblongue et mesure 7,8 cm de hauteur. Ses dimensions laissent supposer qu’il s’agissait de la sonnaille d’un mouton ou d’une chèvre. C’est un objet purement fonctionnel et pratique, sans aucune recherche esthétique.
Comme la plupart du bétail au Moyen Âge, les animaux sont élevés en liberté. Ils sont alors munis de cloches ou sonnailles qui permettent à l’éleveur d’identifier et de localiser son troupeau. Une sonnaille peut être réalisée dans une plaque de tôle à laquelle on donne une forme par martelage ou alors coulée dans un moule que l’on vient ensuite marteler pour en gérer la “mise à son”. La forme de ces sonnailles n’a pratiquement pas varié de l’époque gauloise au XXe siècle.
Une cotte de mailles
La cotte de mailles vient à la fin du XIIe siècle remplacer la « brogne », ancêtre de l’armure sous les Carolingiens. La cotte de mailles est faite avec des mailles de fer entrelacées. Elle peut être plus ou moins longue : on nomme un haubert la cotte de mailles protégeant l’entièreté du corps, et haubergeon une cotte n’arrivant qu’à mi-cuisses et dont les manches s’arrêtent aux coudes. Un haubert peut peser jusqu’à 20 kilos c’est pourquoi il est destiné aux cavaliers. Le haubergeon est plus volontiers porté par les fantassins, qui ont besoin de mobilité. Il faut noter qu’une cotte de mailles s’enfile par dessus un gambison (vêtement rembourré) permettant d’amortir les coups. La cotte de mailles protège des coups de taille (donnés par des armes tranchantes) mais ne protège pas de manière optimale des perforations (dues aux flèches ou coups d’estocs).
Ce fragment de cotte de mailles a été retrouvé dans une fosse de latrines du XIVe siècle, abandonnée au début du XVIe siècle et située sur les lices du château, près de la tour est. Il est constitué de mailles, reliées entre elles, toutes de même taille, représentant une surface de 1dm2
Cet objet en fer a été radiographié, afin d’en déterminer sa forme originelle et d’évaluer la quantité de métal restant. En effet, une corrosion régulière, durant toute la période de l’enfouissement, a fait disparaître progressivement une partie du fer (Fe), au profit de la rouille (Fe2O3). Plus il y a de rouille, moins il reste de fer, jusqu’au point extrême où tout le fer a disparu, laissant un négatif, vide, reliquat de l’objet d’origine, entouré d’une gangue de rouille orangée. Celle-ci a progressivement emprisonné l’objet altéré, mais également les matériaux environnants : terre, cailloux, sable, ou tout objet se trouvant à proximité. Il n’est donc pas rare de retrouver cette gangue de rouille sur laquelle sont collés d’autres résidus comme des fragments de verre ou de céramique.
Ici, le
fragment de cotte de maille, après au moins 500 ans d’enfouissement, est
totalement bloqué par la rouille qui a envahi tous les vides entre les
maillons. Il n’est donc plus possible de les désolidariser les uns des autres.
Sa restauration a consisté en une stabilisation, un retrait superficiel de la
rouille, puis une protection par une cire chaude.
Une charnière de coffre
L’objet qui nous intéresse ici est revenu au Centre d’Interprétation du Patrimoine après plusieurs mois de traitements et de restauration. Il a été consolidé par un laboratoire spécialisé dans le but de lui redonner sa forme d’origine.Il s’agit d’une charnière complète de coffre, c’est-à-dire, la partie qui permet d’articuler le couvercle. Elle conserve encore ses trois clous de fixation sur une planche. L’autre aile est fixée par deux tiges carrées rivetées sur une plaquette rectangulaire. Toutes ces parties paraissent aujourd’hui collées ensemble, mais, à l’origine, comme nous le montrent les schémas, les clous, les planches et les tiges étaient des pièces de ferronnerie distinctes.
Peu de coffres médiévaux sont parvenus jusqu’à nous. Le bois est un matériau périssable qui se conserve mal et laisse peu de traces archéologiques. Ce sont donc les parties métalliques qui sont le plus souvent conservées. D’après son contexte de découverte, cette charnière est antérieure au XVIIe siècle.
Pendant tout le Moyen Âge, les coffres ont principalement servi à ranger divers objets de la vie quotidienne et notamment les linges de maison et la vaisselle. Ils étaient souvent munis de serrures pour permettre leur fermeture à clef. Certains sont mobiles et donc facilement transportables pour servir lors des nombreux déplacements des seigneurs voyageant de résidence en résidence. Ce sont également des meubles multifonctions puisqu’on les utilisait pour s’asseoir (on parle alors d’archebanc) ou pour dormir.
Une fusaïole
Cet objet du quotidien est une fusaïole, c’est un anneau de poids variable qui est un accessoire du filage au fuseau. C’est en général le seul élément retrouvé lors des fouilles archéologiques parmi les éléments techniques nécessaires au filage au fuseau. Le fuseau et la quenouille en bois ayant généralement disparu avec le temps.
La fusaïole 2366-11 a une forme ronde et aplatie avec une surface ondulée. Son poids est de 7 g, son diamètre de perforation est 5 mm pour un diamètre de 27 mm. Les objets ayant cette forme sont nombreux et leurs utilisations diverses et variées. Nous faisons donc l’hypothèse qu’il s’agit d’une fusaïole servant au filage de la laine, du lin ou encore du chanvre. Son contexte de découverte étant un remblai massif, c’est grâce à la céramique trouvée dans cette couche que nous pouvons émettre un contexte de datation qui serait le XVIe siècle.
Une mine de plomb
Pour écrire droit, les copistes tracent des lignes horizontales et verticales. Cette tâche, la réglure, est dévolue aux moins expérimentés des moines copistes. Ce travail permet de préparer la page, car chaque espace est bien délimité: écriture, décoration et marges. Au XIIe siècle, le moine Théophile écrit que l’on dessine sur les parchemins avec un style formé d’un alliage de trois parties de plomb pour une partie de bronze.
Déjà utilisée par les Égyptiens, les Grecs et les Romains, la mine de plomb est généralement composée d’un alliage de plomb et argent ou plomb, bronze et étain. Le plomb, ou l’alliage, est coulé dans un moule en pierre donnant la forme de la mine et de la décoration de la tête. La pointe glisse le long d’une règle pour « régler » le support afin de tracer des lignes avant d’écrire. Le trait est ensuite estompé avec une gomme de mie de pain. La mine de plomb sert aussi aux ébauches et aux tracés fins des enlumineurs et des artistes. Fragile, elle est protégée par du cuir ou enchâssé dans un tube de bois, à l’origine de notre crayon.
Sa vente dans les échoppes situées au niveau du Pont Neuf à Paris explique la découverte dans la Seine de nombreuses mines datant du Moyen Âge au XVIIIe siècle. La découverte en 1564 d’une mine de graphite (appelé plombagine à l’époque) en Allemagne concurrence la mine de plomb. Mais avec le prix élevé du minerai de graphite, la mine de plomb reste utilisée jusqu’au XIXe siècle.
Un grelot
Le grelot, souvent associé au folklore des fêtes de Noël est un objet utilisé dans de nombreux domaines.
Instrument de résonance, le grelot est un des plus anciens instruments créé par l’homme. Depuis l’Antiquité, son scintillement sonore revêt des qualités apotropaïques. Ce même tintement en a fait un objet très prisé, tant pour son côté pratique qu’esthétique. On accrochait des grelots aux animaux, sur les véhicules, ou encore comme ornement sur les vêtements.
Le grelot se présente sous plusieurs aspects : sphérique, conique ou à cage. On distingue également les grelots en deux catégories ceux dits “romains” à fente simple, ou ceux dits “tyroliens” à fente en croix. Ils peuvent avoir été martelés et donc constitués d’une tôle rabattue ou bien moulés.
Plusieurs objets ayant clairement été identifiés comme des grelots furent trouvés au château lors des fouilles archéologiques. La plupart ont été découverts dans des couches stratigraphiques datant des XVe et XVIe siècles. Le grelot ci-dessus a été mis au jour lors du décapage de la lice nord-ouest et ne ressemble à aucun autre de par sa coquille richement fleuronnée. Malheureusement, son contexte ne nous permet pas de le dater avec précision.
Une clé de coffre
Lorsque l’on trouve une clé au cours de fouilles archéologiques, on ne peut s’empêcher de se poser une question simple « mais que peut-elle bien ouvrir » ? Est-ce la clé d’un petit coffret ? d’une porte ? d’un meuble ?
Une chose est sûre, cette petite clé découverte au château de Brie dans le remplissage d’une dépression d’un sol aménagé au XVIe siècle, n’ouvre que dans un sens, puisqu’elle possède un panneton asymétrique. Un panneton symétrique est toujours associé à la fermeture d’une porte, permettant ainsi de faire jouer la serrure des deux côtés. De plus les dimensions réduites de cette clé tend à l’associer davantage à une clé de coffre ou à celle d’un cadenas.
Elle est en fer forgé, sa tige pleine est de section circulaire. Son panneton est composé d’une bouterolle suivie d’une rainure allant jusqu’au talon ; d’un pertuis fermé, rectangulaire disposé en longueur ; d’un rouet opposé en façade. Le museau est composé de trois fausses planches du coté du talon, d’une fausse planche avec un pertuis carré vers la façade et d’un léger râteau à deux dents.
Une sépulture du cimetière du Haut Moyen Âge
Le 19 mai 1987 à l’occasion de travaux de raccordement au réseau du tout à l’égout au 42 rue de la Madeleine, Monsieur Gallet propriétaire, fait état de la présence d’ossements humains à environ 1m de profondeur. Les fouilles de sauvetage mettent au jour 8 sépultures antérieures à 1394.
Grâce aux archives, nous savons qu’à proximité sous la place Gauthier, se trouvait un petit édifice cultuel appelé, « Vieux Moustier » (église). En 1991, à l’occasion de travaux de réfection de la chaussée, des découvertes archéologiques attestent l’existence de cette église primitive entourée de son cimetière.
Ce cimetière témoigne d’une habitude prise au début du Moyen Âge d’enterrer les morts près des lieux de culte. Ce n’est qu’après le décret du 12 juin 1804 qu’est ordonné le transfert à terme des cimetières hors des enceintes des villes. Pour cette raison, le terrain du cimetière actuel est acquis par la ville de Brie le 30 juillet 1830 à l’extérieur de la ville.
Des dés en os
Ce sont 18 dés à jouer qui ont été découverts et étudiés au château de Brie.
Un lot très homogène de 12 dés provient de la salle J, salle aménagée au XIVe siècle sur les lices dont la fouille a livré une importante couche détritique formée par l’accumulation d’objets jetés depuis le 1er étage du logis seigneurial.
Tous les dés sont taillés dans de l’os animal et mesurent en moyenne 5mm. La majorité de leurs faces présentent des traces de sciage.
Leurs arêtes sont vives ou très légérement polies, elles ne sont jamais chanfreinées comme pour nos dés modernes, ce qui devait empêcher le dé de rouler correctement.
Les emplacements des points sur les faces sont généralement approximatifs sauf pour un dont les points sont placés avec une grande précision.
Un test d’égalité des probabilités d’apparition de chacune des faces a été réalisé pour un de ces dés. Sur 600 lancés, le 1, 2 et 3 sortent le plus souvent, le dé est donc pipé. Dans une partie où il s’agissait de faire le maximum de points, ce dé était donc un dé perdant !
Un mortier culinaire
Un mortier est utilisé pour la préparation d’aliments ou de médicaments pour la consommation humaine. Dans le bassin d’un volume important, l’opérateur va pouvoir pulvériser diverses sortes d’ingrédients : noix, grains, feuilles, racines, herbe, voire fleurs. Le mortier lui-même est façonné dans une pierre calcaire. Le tailleur de pierre aura choisi un bloc parallélépipédique, dans l’idéal le plus proche du cube. Il aménage ensuite une large cuvette aux parois épaisses, afin de résister aux différentes opérations de broyage.
Le pilon, qui n’est pour ainsi dire jamais retrouvé en fouilles, devait être en bois très dur comme du noyer, du buis ou de l’olivier par exemple. La diffusion du mortier au XIIe siècle dans des contextes urbains peut être rapprochée de changements très importants dans la société. Nous pensons en particulier à la naissance d’une bourgeoisie et à l’ouverture des échanges vers la Méditerranée en contrecoup de la première croisade (1096-1099) : développement du commerce des épices, diffusion de manuels de santé, comme le Tacuinum Sanitatis.
Les jetons de comptes
Bien avant la machine à calculer, les comptables comme les marchands se servaient de jetons pour compter. Des jetons sans valeur propre, que l’on venait disposer sur un abaque. Soit, une table, dont le plateau comporte une marqueterie ou des motifs incrustés ou gravés. Ces motifs en font soit une table à calculer (lignes) soit une table de compte, monétaires (bandes).
Un jeton, au XIIIe siècle, était appelé un “ gect “ puis “ gectoue “ puis “ jeton “. C’est une pièce de métal ronde, de 20 à 40 mm de diamètre. Il peut-être un objet de prestige frappé aux armes et devises de son propriétaire.
Les plombs de scellé
Les plombs de scellé furent très largement utilisés dans le commerce pour clore des marchandises et ce dès l’antiquité. À l’instar du sceau de cire, ou avant lui d’argile, le sceau de plomb était pressé au moyen d’une matrice portant l’emblème/nom du producteur, la quantité ou la qualité du produit ou encore la marque d’acquittement d’une taxe.
Les fouilles archéologiques au château de Brie-Comte-Robert, ont livré un petit nombre de plombs de scellé. La disparition de ces modestes objets s’explique aisément. Petits, ils étaient facilement égarés ou pouvaient être fondus et réutilisés autrement.
Sur la photo, il s’agit d’un plomb de scellé à plateaux d’environ 1,5 mm d’épaisseur et d’un diamètre moyen de 28 mm. Il ne paraît pas avoir été violé puisque les deux plateaux restent liés ensemble et que la queue de plomb est toujours repliée. L’avers porte en son centre le blason de la ville de Paris. En dessous de celui-ci et séparée de lui par un trait horizontal, la date de 1533 est marquée.
Un couteau
Le couteau est depuis longtemps un objet strictement personnel. Les couteaux les plus anciens ont une lame en pointe afin de piquer les morceaux de viande, mais au cours de la Renaissance, celle-ci devint plus longue et étroite, avant de disparaître progressivement pour s’arrondir au cours du XVIIe siècle. Le manche est la partie la plus ouvragée ; au Moyen Âge on utilise surtout du bois de racines, du cuivre jaune, de la corne de cerf et de l’ivoire.
Le manche de ce petit couteau est composé de deux parties, rivetées à la soie de la lame. Il a été découvert dans le comblement d’une petite fosse maçonnée en petits moellons de calcaire, située contre la courtine entre la tour de Brie et la tour ouest. L’étude du mobilier archéologique retrouvé dans ce comblement nous permet de dater ce couteau du XVIe siècle.
Tuiles glaçurées
Lors des recherches archéologiques menées par l’association au château de Brie-Comte-Robert, de nombreuses tuiles, de toutes périodes, ont été mises au jour. Toutes ont couvert les toits du château, logis seigneurial ou tours. Elles ont pu être jetées, cassées, remplacées et sont régulièrement retrouvées dans les multiples remblais, de toutes périodes. D’autres ont été réemployées vers de nouvelles utilisations.
Un important lot de tuiles cassées a été mis au jour sous le mur qui traverse le château et séparait la cour noble (la haute cour) de la basse cour. Bien daté de la première moitié du XIVe siècle, il fait partie des grandes transformations voulues par Jeanne d’Évreux.
Ce lot ayant été déposé à cette date, les tuiles sont datées d’une période antérieure. En principe, une tuile a, en moyenne, une durée de vie de 50 ans. On peut alors considérer qu’elles ont couvert la toiture du château au plus tard vers 1300. Elles peuvent donc appartenir à la première période de construction du château, soit à partir de la seconde moitié du XIIe siècle. Elles sont différentes de toutes les autres, par leur pâte et leur glaçure. Leur pâte est très régulièrement d’un ton gris très clair à gris souris et leur glaçure présente une grande homogénéité, du vert très clair au vert plus soutenu.
L’archéologie expérimentale a permis de préciser que la position de la tuile dans le four déterminait la puissance de coloration de la pâte et de la glaçure des tuiles, les plus foncées, plus près du foyer, étant cuites à plus haute température.
Crâne de faucon pèlerin
Le crâne de ce faucon a été mis au jour dans une fosse latrine de la salle G du château. Il est dans un mauvais état de conservation : les oculaires ainsi que la partie inférieure du crâne sont manquants. Le faucon, lorsqu’il ne servait pas d’auxiliaire de chasse, était chassé, non pas pour sa viande, mais pour sa peau : les traces de découpe sur les humérus découverts au château suggèrent l’intervention d’un taxidermiste. Ce faucon a donc, sans doute, été exposé dans le logis du seigneur tel un trophée de chasse.
Les ferrets
Le ferret est un objet du quotidien composé d’une plaque métallique recourbée en forme de cône servant à recouvrir l’extrémité des lacets. Les lacets pouvaient servir dans l’habillement (vêtements, chaussures…) ou dans le maintien d’objets plus ou moins prestigieux (tentes, livres…). On retrouve parfois dans certains textes en synonyme du mot “ferret” le terme “aiguillette”. Mais, cet usage reste ambigu puisqu’il est aussi utilisé pour parler de l’ensemble cordon et partie métallique du lacet.
Ce ferret a été découvert dans une couche d’occupation datée du XVIIe siècle. Sa surface dorée en fait un objet peu fréquent puisque cette spécificité technique concerne seulement 25% des ferrets retrouvés au château de Brie-Comte-Robert. Pour les autres, n’ayant subi aucun traitement de surface, la couleur du métal est laissée apparente.